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Dualité insidieuse refourguée en buddy-movie du dimanche, intrigue aussi indigente que grotesque, Ruben Fleischer en pilotage automatique à la réalisation… Rien ne va dans ce petit spectacle tout à fait inoffensif – un combe pour cet antagoniste Marvel – qui jamais ne fait l’effort de lui donner de l’ampleur si ce n’est par quelques contre-plongées. Une culture du rien qui n’a pour elle que la photographie léchée de Matthew Libatique et un Tom Hardy en roue libre.

 

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Après l’exercice noir anti-hollywoodien et sous-estimé qu’était The Wolverine, James Mangold revient derrière la caméra pour Logan, perpétuant et achevant sa vision radicale de notre cher griffu sauvage. Pour son ultime baroud d’honneur, le réalisateur a eu un appétit vorace pour l’hémoglobine et la déchirure – étonnante surprise qu’un blockbuster à 120 millions de $ délivre une violence aussi extrême. Mais c’est au bout du compte embrasser la vraie nature du personnage, bestiale, enragée, incontrôlable, jamais réellement exposée sur grand écran. Et enfin y assister, avec les moyens, est une jouissive révérence.

On pense évidemment à Beyond Thunderdome et The Last of Us avec ce road-movie aride au doux fumet post-apocalyptique, mais ce sont d’autres consciences référentielles qui rendent l’exercice touchant : d’une part l’objet du comics, ici berceau d’ambitions vitales ; puis la double-citation directe du western Shane de George Stevens, qui en plus de contaminer la forme même du film, néo-western en soit, est la racine des deux moments les plus bouleversants du métrage. Sous le sable embourbé par le sang, cette ultime aventure est aussi un constat incroyablement amer de l’Amérique, où seuls les jeunes bobos artificiels et patriotiques ont accès aux paillettes, où les mexicains s’enferment dans leurs stéréotypes, où ceux qui sont différents, face à la haine et la perdition, engagent par eux-mêmes le chemin des frontières : en somme, il a tout du premier vrai blockbuster de l’ère Trump, ultra-violent, effrayant, désespéré, presque vulgaire s’il n’avait pas cette constante et intrigante lueur d’espoir.

Épilogue cicatrice, Logan offre surtout à Hugh Jackman l’opportunité finale de lâcher les chiens de sa performance, aux côtés de l’étonnante et attachante Dafne Keen, histoire d’achever son rôle phare et connu de tous dans un bain de sang et de lumière, sa route de la fureur avec le soleil comme horizon. Désormais il n’y a plus d’armes dans la vallée : le tapis est déroulé devant les super-héros Marvel à venir, qu’ils puissent ravaler leur sourire en coin et enfin y déverser leurs tripes.